Madeleine Souche (1942-2024) ou l’histoire entre Cévennes et Roussillon

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Hommage

Madeleine Souche, née Bertrand en 1942, est décédée le 25 avril 2024 des suites d’une brève et implacable maladie. Elle avait rejoint le comité de rédaction du Nouveau dictionnaire de biographies roussillonnaises (NDBR) en 2018. Depuis février 2022, elle représentait ce dernier au sein du comité de pilotage de la version numérique du NDBR initiée par l’association éditoriale Les Publications de l’Olivier.

Historienne du protestantisme méridional, sa famille était originaire d’Avèze, petit bourg des Cévennes, proche du Vigan, dans le Gard, auquel elle était restée très attachée. Elle y possédait une maison où elle allait régulièrement se ressourcer, profitant de ses séjours pour travailler sur l’histoire locale. Ainsi, en 2010, publia-t-elle chez Lacour/Rediviva une monographie : L’établissement de Cauvalat. Avèze, Gard. Des thermes au sanatorium militaire belge au XIXe et au XXe siècle. Dernièrement, elle travaillait sur la bibliothèque de son village.

Titulaire de l’agrégation féminine d’histoire-géographie (l’agrégation d’histoire reste masculine jusqu’en 1976) décrochée après des études à l’université de Montpellier, elle arrive au collège Albert-Camus de Perpignan au mitan des années 1970. Elle rejoint un peu plus tard le lycée Jean-Lurçat, toujours à Perpignan, où elle professe jusqu’en 1999, année qui la voit intégrer le département d’histoire de l’université de Perpignan en qualité de professeur agrégée détachée dans l’enseignement supérieur (PRAG). Elle y était chargée de cours depuis 1995. Gageons que ses anciens étudiant(e)s se souviennent de ses enseignements en histoire moderne et contemporaine dispensés avec la rigueur, la douceur et la simplicité qui la caractérisaient, le sourire toujours aux lèvres.

En dépit de ses lourdes charges d’enseignante menées jusqu’à sa retraite, en 2006, Madeleine était une chercheuse éprouvée, auteure de nombreux articles et travaux sur sa région natale et sa terre d’adoption, le Roussillon. Il n’est qu’à mentionner ses dernières publications : L’industrie des pierres lithographiques dans le Gard et l’Hérault du XIXe au XXe siècle. Une industrie disparue (Lacour/ Rediviva, 2019), en collaboration avec Bernard Martin ; « Des églises cévenoles dans la Grande Guerre », Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français, vol 160, janv-mars 2014 ; Le pasteur Verdier de Collioure. La Retirada et les camps 1939-1944 (APHPO/CREC) ; « Les collégiens de Perpignan, journalistes de la Grande Guerre (1916-1917) » lors du colloque sur la Grande Guerre organisé par les Archives municipales Camille-Fourquet de Perpignan en octobre 2018.

Très attachée à ses origines protestantes Madeleine soutient en 2009 à l’université de Toulouse 2, sous la direction de Patrick Cabanel, une thèse de doctorat de troisième cycle intitulée : « Le drapeau de l’évangile ». L’évangélisation protestante dans le Midi de la France : évangélisation et réveil (1870-1914). Simultanément, à travers les notices biographiques qu’elle donne au Dictionnaire biographique des protestants français de 1789 à nos jours et au Nouveau dictionnaire de biographies roussillonnaises, elle contribue activement à l’illustration et à la défense de sa foi protestante. En 2017-2020, elle fait partie de la minorité qui s’oppose à la désaffectation du temple protestant de la place Rigaud, menacé par le retour d’une partie de l’université au centre ville de Perpignan.

Cet engagement s’épanouit également dans son adhésion au Club cévenol (Le Vigan, Gard) qui vise à préserver le patrimoine des Cévennes et des Causse et à son implication dans la revue Causse et Cévennes. Elle était également membre du comité de rédaction de la revue Le Lien des chercheurs cévenols (Génolhac, Gard). Parmi ses nombreuses contributions à ce périodique relevons le hors-série numéro 71 : « Chantiers de jeunesse. Le groupement 18 Assas », paru en 2019. Elle a également publié dans les revues Domitia (UPVD, université de Perpignan), Le Midi Rouge (Maitron Languedoc-Roussillon), et d’autres encore.

Très impliquée dans la promotion et à la diffusion de l’histoire dans le département, Madeleine fonde en 1998 l’Association pour la promotion de l’histoire des Pyrénées-Orientales (APHPO) qu’elle préside. Ayant pour but «  l’étude et la mise en valeur des archives publiques et celle du patrimoine du département », l’APHPO organise des conférences (souvent données par des étudiants en master et des doctorants), des visites guidées d’expositions et quatre colloques, toujours suivis d’actes. Le dernier, en novembre 2020, conjointement mené avec les Archives départementales et l’association éditoriale Les Publications de l’Olivier, a donné lieu à la publication d’actes intitulés : Aperçus de la presse roussillonnaise. Diversité et mutations 1870-2020.

Il est un aspect moins connu de la personnalité de Madeleine Souche : son engagement syndicaliste. Secrétaire du Syndicat national des enseignements du second degré (SNES) au collège Albert-Camus, puis au lycée Jean-Lurçat, elle siège un temps à la direction de la section départementale dudit SNES. En 1995, elle est l’une des animatrices d’une mémorable grève au lycée Jean-Lurçat. Elle rejoint en 1993 la Fédération syndicale unitaire (FSU), nouvellement créée à la suite de la scission intervenue au sein de la Fédération de l’Éducation nationale (FEN). Grande voyageuse en compagnie de son mari, Claude, elle était également une grande randonneuse en montagne avant que la maladie ne l’assaille brutalement à la fin de l’année dernière.

Discrète mais néanmoins prolixe, d’un commerce très agréable, Madeleine s’impliqua sans compter au sein du comité de rédaction du NDBR et plus particulièrement du comité de pilotage de la version numérique dudit NDBR.

G.B.

* Photo Archives municipales Camille-Fourquet de Perpignan.

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